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Lieu magique entre tous, le vestiaire permet au pratiquant de se livrer à un certain nombre d’actes, de rituels, qui vont peu à peu le transformer en guerrier.
Il s’agit pour lui en premier lieu de se débarrasser de sa peau d’homme normal, puis de concentrer son attention sur son corps en l’enduisant de vaseline, en le massant ou en accomplissant un certain nombre d’exercices d’échauffement, enfin d’enfiler les protections et le costume du guerrier. Comme le comédien dans sa loge avant de monter sur scène, le combattant se prépare à jouer un rôle. Tout le rituel des vestiaires doit amener le combattant à prendre conscience qu’il ne va plus être le même sur le ring. Non seulement il doit mobiliser certaines énergies, mais il doit aussi s’appliquer à respecter des règles, alors même qu’il va mobiliser un grand nombre de réflexes et d’automatismes.
Ce même rituel des vestiaires se déroule avant chaque séance d’entraînement, mais avant la compétition il est naturellement d’une extrême importance. On raconte ainsi que les exercices d’échauffement que le boxeur pratique dans le secret du vestiaire sont destinés à attirer à lui une partie des énergies latentes de la terre qui vont lui permettre de livrer le combat.
La préparation dans le vestiaire est donc un cérémonial dont les aspects magiques ou symboliques sont très puissants. Pour s’en convaincre, il suffit de voir à quel point le visage du combattant change entre le moment où il entre dans les vestiaires et celui où il en ressort pour monter sur le ring. Plus la phase des vestiaires est vécue intensément, plus grande est la concentration, et donc plus grande aussi la chance de victoire. On ne passe pas dans les vestiaires simplement "pour se changer" mais pour se transformer en un autre.
De même, après le combat, le boxeur effectue le processus inverse. Il se débarrasse de sa peau de guerrier pour reprendre sa peau d’homme normal et redevenir quotidien, en jeans et baskets...Mais il ne faudrait pas que cette transformation apparente de « l’homme normal » en guerrier fasse oublier que le vestiaire est le lieu où se produit une autre métamorphose. Le boxeur va enfin devenir lui-même, vivre dans son univers, exister.
Le vestiaire se présente ainsi comme le lieu qui assure la transition entre le monde des autres, auquel le boxeur n’adhère souvent pas, et son monde à lui.