Inutile de dire l’importance de l’œil (et même des deux !) dans le combat (Voir Système nerveux). C’est grâce à lui que le cerveau calcule à quelle distance de son adversaire se trouve le pratiquant. C’est en plaçant la cible au centre de la rétine que le pratiquant permet au cerveau de mettre en mouvement les muscles pour que l’arme atteigne sa cible (Voir Coordination sensori-motrice).
Mais si les informations que l’œil apporte au pratiquant sont capitales, elles ne constituent qu’une partie des données que le pratiquant enregistre et traite pendant l’affrontement. Il semble autant sentir la position de son corps (Voir Proprioception) que celle de son adversaire, de même qu’il sent sa position dans l’espace du ring. Entre outre, l’expérience (ou l’intuition) lui font anticiper ce qui peut se produire dans la seconde qui suit (Voir Perceptions subliminaires et Anticipation).
En réalité, le regard du boxeur n’est pas rivé à celui de son adversaire. Il est mobile et doit percevoir l’ensemble des informations émanant de l’adversaire. Mais voir n’est qu’un début. L’analyse de l’information doit être aussi rapide que le coup d’œil.
Il est vivement déconseillé de regarder son homme de coin, le public ou l’arbitre pendant le combat, sauf si l’adversaire est complètement neutralisé.
Blessures
Les chocs répétés aux yeux peuvent provoquer à la longue un décollement de la rétine. C’est pourquoi, les examens médicaux spécifiques à la boxe incluent une visite à l’ophtalmologue, indépendamment d’un contrôle général de la vision.
Ces mêmes chocs occasionnent parfois une ouverture de l’arcade sourcilière ou du dessous de l’œil (Voir Coquard). L’hématome qui se forme alors est susceptible de réduire notablement la vision. En principe, le fait de ne voir que d’un œil n’empêche pas de mesurer la distance. Car le cerveau utilise aussi bien l’information fournie par les deux yeux (vision stéréoscopique) que la courbure du cristallin qui assure la netteté de la vue selon la distance de l’objet fixé.
Le regard
Dans leur « Dictionnaire des symboles », Jean Chevalier et Alain Gheerbrant écrivent [1] : « Le regard est chargé de toutes les passions de l’âme et doté d’un pouvoir magique, qui lui confère une terrible efficacité. Le regard est l’instrument des ordres intérieurs : il tue, fascine, foudroie, séduit, autant qu’il exprime. Il est question dans le récit de l’Ivresse des Ulates, d’un champion d’Ulster, Tricastal, dont le seul regard suffit à tuer un guerrier ».
En combat, le regard n’est donc pas utilisé seulement pour collecter des informations (Voir Miroir). Il joue un rôle essentiel dans la menace et dans la concentration (attention portée à l’autre, vigilance). Au début du combat, lorsque l’arbitre les réunit au centre du ring, les adversaires se fixent longuement. Baisser les yeux n’est pas nécessairement un signe de faiblesse ou d’infériorité (on connaît certains patrons qui refusent de regarder leurs employés). Mais tel est le code entre adversaires. Refuser de porter son regard sur l’autre est un signe de mépris. Or, le pratiquant ne peut mépriser son adversaire, car alors il se mépriserait lui-même, qui consent à l’affronter.