Qu’est-ce qui pousse un individu, en apparence normal, à grimper sur un ring et à aller taper sur quelqu’un qui ne lui a rien fait ? Inutile de chercher une réponse unique à cette question. Il en existe en fait une multitude... Le boxeur (sans parler du champion de haut niveau...) est quelqu’un d’à part.
Le pratiquant est lui-même bien incapable, très souvent, de dire ce qu’il attend de ce sport. Il vous dira ce qu’on dit habituellement : être reconnu, évacuer sa rage, s’insérer, exister, gagner de l’argent, mener une vie différente, prendre de l’assurance, courir des risques. Mais l’essentiel restera sans doute à jamais secret.
Certains pratiquants sentent parfois, avant de passer sous les cordes, une force en eux qui les pousse à rentrer chez eux, une force qui, pour eux, paradoxalement, doit être combattue, car elle leur apparaît comme négative. Il est possible que quelque chose dans le monde voudrait que l’homme ne se batte pas, qu’il n’ait pas envie de se tenir debout (le Diable ?). Peut-être la nature a-t-elle voulu que des individus défient cette force obscure, cette « force du mal », pour le bien de tous les hommes.
C’est ce qui fait que l’adversaire n’est pas un ennemi, mais un partenaire dans ce défi que l’homme lance à sa condition...
La motivation est un ressort, elle n’est pas une explication. L’envie de boxer correspond à une pulsion profonde. C’est l’expression d’une individualité, d’un mythe personnel. L’argent, la reconnaissance, etc... ne sont que des ruses déployées par l’esprit pour pousser l’être à s’accomplir. Peu importe donc la nature des motivations qui poussent le champion vers la plus haute marche. L’essentiel est qu’il ne se mente pas à lui-même. L’important, c’est la boxe. Le reste, c’est l’essence qui fait tourner le moteur, mais ce n’est pas l’essence qui conduit la voiture...!