Désigne un ensemble de programmes qui guident l’être vivant dans son comportement.
On considère que les animaux sont entièrement pilotés par leurs instincts tandis que l’homme, lui, a la possibilité de s’en libérer. Mais, en fait, la différence entre l’homme et l’animal n’est pas si tranchée. L’animal, à chaque moment, choisit volontairement entre tel ou tel comportement. Et l’homme, de son côté, n’est pas si libre que cela d’ignorer certains besoins vitaux...
En fait, dans le langage courant, on appelle « instinct » tout comportement qui n’est pas conscient (« J’ai tiré le signal d’alarme instinctivement »). On parle là, en fait, de réflexes, d’automatismes ou de conditionnements. Certains comportements sont par ailleurs dictés par l’inconscient sans qu’il s’agisse « d’instincts » au sens strict. L’inconscient est composé de « pulsions » qui nous font agir dans telle ou telle direction et de telle ou telle manière à l’insu de notre volonté (Voir Héros).
La notion d’instinct étant très difficile à cerner chez l’homme, on parle plutôt de « besoins », et notamment de « besoins élémentaires », tels que la survie, la sécurité, la procréation. Lorsque ces besoins sont satisfaits, d’autres apparaissent, tels que le besoin de confort ou de dignité. L’universalité des phénomènes religieux semble indiquer que l’homme aurait aussi en lui un besoin de « sacré ».
On a coutume de dire que la boxe est un sport « instinctif ». On veut sans doute signaler par là qu’elle s’appuie beaucoup sur des synergies physiques et des automatismes mentaux. Mais la combativité et l’agressivité (Voir ces articles) sont des ressorts que le boxeur met en jeu très volontairement sans y être poussé par la nature. Et rien ne prouve d’ailleurs que la nature ait doté tous les hommes de ces deux ressorts. Il existe dans le monde des peuplades qui n’ont jamais fait la guerre et n’y songent pas.
On dit aussi que l’instinct de survie serait actif pendant le combat. Mais le boxeur sur le ring est moins guidé par un instinct qu’il n’a à cœur d’assurer sa prestation en développant un certain nombre de techniques apprises et de réflexes moteurs.
Cette apparence instinctive de la boxe viendrait aussi de ce qu’elle met en jeu des perceptions non conscientes, comme si le boxeur était à l’écoute de son adversaire à la manière d’une bête qui « sent » sa proie. Mais ces perceptions non conscientes (Voir Perceptions subliminaires) n’ont rien d’« animales » en elles-mêmes... Le comédien sur scène est aussi entièrement à l’écoute de son partenaire, et on ne le compare pas à un « fauve à l’affût » !
La boxe est une activité humaine, très élaborée, volontaire et organisée. S’il en était autrement, on ne comprendrait pas que le boxeur s’arrête immédiatement de combattre sur ordre de l’arbitre ou au coup de gong. A tout moment, même très absorbé par son combat, le boxeur sait parfaitement dans quelle situation il se trouve (la pratique d’un sport).
Pourquoi cette tentation de confondre une activité humaine avec un comportement animal ? L’histoire de l’humanité nous montre que les activités de chasse ont poussé l’homme à se comparer à un animal. Chaque chasseur, pour se donner du courage, s’identifiait à un animal féroce (lion, tigre, etc.) dont il espérait ainsi s’attirer magiquement une partie de la force, car, justement, il lui semblait que les animaux avaient des capacités dont il était privé.
La boxe, qui est très proche de la situation de chasse, provoque chez celui qui la pratique ou chez celui qui la regarde la même tentation de vouloir faire ressembler le boxeur à un animal. Peut-être parce que, justement, l’homme est à mille lieues de l’animal...!
Malgré l’évidente filiation de l’homme avec l’animal, il est extrêmement difficile de déceler en l’homme des expressions spontanées de la nature. La très grande majorité de nos comportements sont avant tout « culturels », c’est-à-dire acquis au fil de l’évolution de l’humanité ou transmis par l’éducation. Si un boxeur boxe, c’est qu’il l’a décidé. S’il boxe comme il boxe, c’est qu’il en a décidé ainsi, compte tenu du fonctionnement du corps humain et des mécanismes mentaux à sa disposition.
Si une pulsion, sur le ring, pousse le combattant à aller au bout de lui-même il est plus probable qu’il s’agit pour lui de défendre une « certaine idée de la vie », que de suivre un instinct animal de survie.